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2020, l’année du rapprochement entre rap français et rap américain ?

La relation entre le rap français et le rap américain est très particulière. La France est une nation de rap, elle représente une des scènes les plus prolifiques du monde derrière les Etats-Unis. Ces derniers étant les fondateurs de la culture Hip-Hop n’ont évidemment rien à nous envier. Les connexion entre le rap US et le rap FR ont cependant eu lieu dès la naissance du rap Français. Le featuring considéré comme la première collaboration FR/US remonte à 1993 avec le premier album solo du regretté Guru (membre du groupe Gang Starr) : Jazzmatazz Vol.1 sur un morceau nommé “Le bien, le mal” avec MC Solaar. Très bien accueilli, ce premier featuring marqua le début d’une nouvelle ère pour le rap français.

L’histoire commune du rap français et américain s’annonçait alors plutôt bien partie, mais ce cas-ci fera finalement preuve d’exception puisque la suite des alliances s’annoncera bien plus mitigée.

Des collaborations déséquilibrées

Les années 2000 amèneront un nombre assez conséquent de collaborations travaillées avec plus ou moins de rigueur et surtout adaptées à l’audience Française. La plupart des morceaux seront largement diffusés en France mais n’intéresseront que très peu la communauté américaine. On peut notamment penser aux deux collaborations entre Booba et Akon qui ont été de francs succès auprès du public francophone mais qui sont passés complètement inaperçu aux yeux du public américain. Conscient de la crédibilité qu’un artiste américain pouvait apporter à un rappeur français, ces featurings deviendront peu à peu des arguments marketing pour vendre les albums. On remarquera un déséquilibre dans l’implication des deux parties au sein de la plupart des morceaux issus de ces collaborations.

Les années 2010 ne feront que confirmer cette tendance. Elles verront une accumulation de featurings entre les nouvelles générations de rap US et les artistes confirmés du rap francophone. Souvent, l’artiste Français pose 2 voir 3 couplets et l’artiste américain sera présent pour un simple refrain et un couplet plutôt fainéant. La plupart seront assez moyen et l’arrivée de la trap d’Atlanta et de la drill de Chicago créera un fossé stylistique entre les américains et les français. On peut notamment prendre en exemple les feats entre Lacrim et Lil Durk, représentant de la scène Chicagoans et fondateur du Label Only The Family, stylisé OTF (oui oui, comme PNL avec QLF). Malgré une certaine envie de bien faire de Lacrim, les interventions de Durk apparaissent à peine correct (sans doute dû au manque d’implication des artistes américains qu’on leur connait ) et surtout le résultat parait complètement hétérogène entre les deux univers. Lacrim aura d’autres tentatives notables d’associations avec des américains, on retient son feat avec Migos ainsi que son feat avec French Montana sur A.W.A qui relève tout de même le niveau.

Un avenir meilleur

Depuis 2018 une nouvelle manière de concevoir les collaborations est arrivée, une des collaborations marquantes de cette année là se trouve sur l’Epilogue de La fête est finie de Orelsan. Le rappeur a fait le bon choix de s’allier au très jeune rappeur du Maryland : YBN Cordae. À l’époque l’équipe du YBN a commencé à trouver sa place au sein du rap game US mais n’est en aucun cas installé à l’international. Sur le feat nommé “Tout ce que je sais” on voit que Cordae fait preuve d’une vraie implication dans la composition et la compréhension de la musicalité du morceaux, sans doute dû à une franche envie de faire ses preuves auprès d’un nouveau public. C’est ainsi que commence à naitre un désir de créer des collaborations plus sincères entre les rappeurs et surtout de ne plus chercher à récupérer les grands noms des scènes US mais de laisser leurs chances à des artistes de niches.

Aujourd’hui, l’horizon annonce des collaborations dans la même veine que cette dernière. Trippie Red a sorti son feat avec le jeune rappeur de Paris Youv Dee et plusieurs rumeurs circulent à propos de collaborations entre Playboi Carti et Ateyaba, Koba la D et YNW Melly, Hamza et Jaden Smith. Si l’implication autour de la construction et la fusion de chaque univers est alors on peut espérer enfin une cargaison de feats US/FR de grande qualité.

Pourquoi ça fonctionnerait mieux maintenant ?

Aux premiers, abords le rapprochement des deux scènes est quelque chose de positif, il permettra de redonner de la visibilité au rap fr, le tout propulsé par des morceaux menés par des nouvelles figures rafraichissantes. Mais derrière cette entente plus fluide se révèle une preuve que le rap français s’est aligné sur le modèle américain depuis ces 4 dernières années. Des artistes comme Koba La D par exemple, assument complètement être influencés par Chief Keef (Chicago) et ignorer qui est le groupe IAM. Ces nouvelles générations se sont abreuvées de l’énergie créatrice d’outre-atlantique plus que de celle de France. Ainsi, même si les langues diffèrent, l’énergie dégagée par les jeunes français en reste tout de même plus accessible pour les artistes américains, ce qui facilite l’entente entre les jeunes générations US et FR.

Le rap US s’était également rapproché ces dernières années de la Grime venue du Royaume-Uni. Skepta avait notamment ouvert les portes des Etats-Unis à tous ses confrères avec l’album Konnichiwa paru en 2016 dans lequel on retrouvait des feats avec les américains A$ap Nast et Pharrell Williams. L’album a été accueilli avec un réel engouement de la part de la communauté US. Les années sont passées et les collaborations entre US et UK se sont accumulées. On pense notamment au déjà légendaire Praise The Lord de Skepta et A$ap Rocky mais également aux excellentes collaborations de Desiigner et A$ap Rocky avec Mura Masa, un des producteurs les plus importants de la scène anglaise. Il ne serait alors pas insensé d’en déduire que le rap FR est entré à son tour dans le même processus de rapprochement que nos confrères d’Outre-Manche.

D’un côté on peut alors penser que la scène française perd petit à petit de sa particularité pour devenir une “traduction” de ce que les Etats-Unis produisent. Mais de l’autre on peut y voir une ouverture pour propulser le rap francophone comme légitime N°2 du rap global. Dans tous les cas, seul le temps nous apportera des réponses et on a hâte de découvrir ce que les futures collaborations auront à proposer.