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26keuss : “J’étais validé par Kalash Criminel, je pouvais commencer à bosser”

À 23 ans, 26keuss est déjà bourré d’ambition. Première signature du label Sale Sonorité de Kalash Criminel, le jeune rappeur veut porter haut les couleurs de sa ville. Ce qui était au départ un moyen d’occuper ses journées dans son quartier est en phase de devenir son occupation à plein temps. 26keuss vit aujourd’hui de son rap ce qui a tout changé pour lui. Il tient cependant à garder la tête froide. Nous sommes allés à la rencontre de 26Keuss au coeur de son quartier à Villepinte entouré de ses proches. De ses débuts dans le rap à son ambition de faire briller sa ville dans toute la France, le jeune rappeur se livre dans sa première interview.

Est-ce que tu pourrais te présenter ?

Je m’appel 26Keuss, j’ai 23 ans, je viens de Villepinte, de la cité Merisiers. Mes premiers freestyle je ne les ai fais pas dans mon quartier, mais aux Espaces V avec des potes. À la base, ce n’était pas vraiment des freestyles d’ailleurs. On se vannait entre nous sur des sons de rap qui tournaient en fond. On a commencé à chercher des intrus plus clean, mais toujours dans l’objectif de balancer des vannes. Au bout d’un moment, on a commencé à écrire des vrais textes et ça pouvait durer toute la journée. Du matin au soir, on était ensemble à se balancer des freestyle pendant que d’autres jouaient au foot. C’était notre truc.

Pourquoi tu t’es dirigée vers cette équipe-là ?

Parce que dans ma cité on ne fume pas trop. Et moi je suis un mec qui fume et qui boit beaucoup trop. C’est aussi simple que ça.

Sur quelles types d’intrus tu posais à cette époque-là ?

Honnêtement, il y avait de tout. J’ai été le dernier de la bande à me lancer, pendant longtemps je les regardais faire dans mon coin. J’étais timide, même avec mes potes et encore quand je me suis lancé c’était que pour mes gars. J’ai mis du temps à rapper pour des personnes hors de Villepinte. Mon objectif à la base c’était simplement de rapper pour Villepinte. Rien d’autre. Tous mes gars ont des sons dans leur téléphone qui ne seront jamais sur YouTube. C’est assez récent mon ouverture au monde extérieur, ça s’est fait après ma signature.

J’étais validé par Kalash Criminel, je pouvais commencer à bosser.

– 26Keuss

Comment ça s’est fait cette signature ?

J’ai un ami en commun avec Kalash Criminel. Je m’amusais à faire des freestyles sur Snapchat et ce pote lui a partagé. Kalash Criminel s’est renseigné sur moi et je crois qu’il est tombé sur mon freestyle BFM sur YouTube. Une fois qu’il a fait ça et il m’a convoqué en studio.

Tu as eu une session studio pour prouver que tu valais le coup ?

Pas vraiment, je crois qu’il avait déjà adhéré à ce que je faisais et qu’il avait fait son choix. Il voulait juste me voir et échanger avec moi. Dès cette première session, il m’a ouvert les portes de son studio pour plus tard et c’était comme si on bossait ensemble depuis longtemps. J’étais accepté et validé par Kalash Criminel et je pouvais commencer à bosser.

Comment tu travailles avec Kalash Criminel au quotidien ?

Je ne suis pas constamment avec lui. Il est très occupé, mais quand il a le temps il n’hésite pas à passer en studio avec moi. Il me donne des conseils, c’est très intéressant pour moi qui commence aujourd’hui. Maintenant, tout est plus facile pour moi. Le studio, les clips … tout ça on ne paye plus. C’est ça le plus dur quand tu es en indé. On se débrouille avec les potos pour les petites choses, mais les studios et les clips ça coûte cher. Aujourd’hui, j’ai plus besoin de m’occuper de tout ça, je peux me concentrer à 100% sur ma musique.

Je n’ai pas attendu Floyd pour me battre

– 26Keuss

D’où vient ce surnom 26keuss ?

Est ce que je dois vraiment le dire pour ma première interview ? C’est mon blase, les gens vont se demander d’où ça vient, je ne veux pas l’envoyer tout de suite. Je vous expliquerai quand vous viendrez filmer. Là, on va attendre un peu … Par contre, après les gens quand ils vont savoir ils vont se dire “Wesh il est sérieux lui ?”.

Avec quelle type de musique as-tu grandi ?

J’ai grandi en écoutant du rap américain : XZibit, Snoop Dog, Rick Ross … Aujourd’hui, j’écoute un peu plus de rap français, mais les américains restent toujours les plus forts pour moi. Malheureusement tous les rappeurs américains que j’écoute sont soit en prison soit morts. Kodak Black, King Lil Jay ou Chief Keed même si c’était mieux avant. J’attends vraiment que Kodak sorte là, je post des #freekodak en storie, je suis un vrai militant pour Kodak.

Dans “Puissant”, tu commences à aborder des sujets sensibles, mais tu arrêtes en disant “ça va me fermer des portes”, c’est difficile pour un jeune rappeur d’être engagés aujourd’hui ?

Ce n’est pas difficile pour nous, mais ça peut nous fermer des portes. Je veux aller loin dans le rap et je n’ai pas envie d’exprimer des opinions qui pourraient me fermer des portes. Je n’ai plus la même optique qu’avant, je veux que ça me rapporte un peu donc je suis prêt à faire attention pour le moment.

Même sur le mouvement contre les violences policières qui secoue le monde en ce moment ?

Pour moi cette cause là c’est tous les jours, je n’ai pas attendu Floyd pour me battre. C’est un effet de mode. Demain, Justin Bieber va se bagarrer avec 6ix9ine et tout le monde va oublier.

Tu n’hésites pas à rapper en anglais dans tes morceaux, d’où ça vient ?

Je ne suis pas le seul à faire ça en France. On m’a beaucoup comparé à 100Blaze parce que lui il fait ça aussi. J’aime bien cette langue à la base, j’aurai préféré être américain en fait pour la langue mais c’est plus compliqué là bas. Ils sont toujours en avance, au lieu d’être un copieur ici j’aurai préféré être là-bas à la source.

La France est en train de découvrir la Drill, c’est quoi ta définition de la Drill ?

Pour moi, c’est simplement un style musical, ça ne va pas plus loin. Personnellement je fais la différence à l’oreille de l’intrus, mais ça reste une vision personnelle du style. Quand je suis en studio, je vais chercher des morceaux qui représentent mon état d’esprit sur le moment. S’il y a un truc qui m’a saoulé juste avant mon arrivée je vais partir sur quelque chose de bien sombre. À l’inverse si tout va bien ça va danser en studio.

Tu as dédié un morceau à Levi’s, c’est quoi ta relation avec la marque ?

Je suis sois en 501 ou en survêt en fait. Levi’s c’est en référérence à mon oncle et ma mère qui quand j’étais petit étaient des modèles en termes de style pour moi. Ils étaient tous les deux branchés sur Levi’s et du coup ça m’a marqué. En plus, c’est lié à mon nom, mais je ne vais toujours pas vous le dire aujourd’hui.

Quels sont tes futurs projets ?

Mon objectif c’est l’album, mais pour l’instant on bosse dur sur sa construction.  On va sortir quelques morceaux dans les prochains mois avec des clips, mais on a un objectif clair en tête. Ma référence c’est Kodak, il est en prison, mais il a percé grâce à sa musique. Il est sorti de la street et maintenant il est connu du monde entier grâce à sa musique. On ne parle pas de ses origines, ou de ses problèmes judiciaires, c’est ça ma référence pour moi.

Le nouveau morceau “Puissant” de 26Keuss est disponible sur YouTube et sur toutes les plateformes de streaming.