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Buddy : “Le streetwear a été gentrifié, le luxe peut faire de l’argent avec”

Le streetwear est un terme difficile à définir, mais il n’a pas attendu le monde du luxe pour se démocratiser et rayonner dans le monde entier. De passage à Paris pour présenter la nouvelle collection de Billionaire Boys Club, le directeur artistique de la marque et le rappeur Buddy nous ont partagé leur vision personnelle du streetwear moderne. De la dernière sortie de Virgil Abloh à l’importance de Pharrell à leurs yeux, retour sur leur vision singulière du monde de la mode dans lequel nous évoluons aujourd’hui.

Buddy, ton dernier album remonte à 2018, est-ce que tu prévois de sortir la suite en 2020 ?

Buddy : Bien sûr, au moment où je te parle je l’ai terminé et j’essaye de construire un monde autour de lui. J’ai travaillé avec beaucoup de monde sur ce projet avec notamment Pharrell qui sera présent sur le projet. Je pourrai peut-être avoir d’autres featurings entre temps, mais c’est parfois compliqué de se poser en studio avec des gens.

Tu représentes Compton au niveau international, est-ce que tu sens que d’autres artistes vont exploser ?

Buddy : Roddy Rich est aujourd’hui numéro 1 aux États-Unis, il a botté le cul de Justin Bieber. C’est lui qui vient tout juste d’exploser. Je ne suis plus vraiment dans les rues de Compton, je suis bloqué en studio donc je vais moins écouter ce qu’il se fait dans ma ville.

Est-ce que vous considérez toujours Pharrell comme un mentor ?

Buddy : Oui on échange encore régulièrement. Il me donne des conseils, je lui ai fait écouter mon album d’ailleurs et je crois qu’il a vraiment aimé. Je l’ai fait écouté à toutes les personnes que je respecte dans le monde de la musique.

Ross : Il intervient encore aussi dans Billionaire Boys Club. C’est lui qui est vraiment à la tête de la marque aux États-Unis et qui donne l’élan pour l’Europe. La partie européenne de BBC s’apprête à être vraiment développée dans les prochains mois avec des collaborations dédiées.

Virgil Abloh est riche, il peut porter du luxe, mais les gens qui vivent dans la rue, ils continueront à porter du streetwear.

– Buddy

Billionaire Boys Club était une des premières marques à lier le streetwear au luxe, est-ce que vous pensez que ce mouvement va perdurer maintenant qu’il est mainstream ?

Ross : Je pense que le streetwear est le résultat de l’inspiration de la population à vouloir accéder à un nouveau vestiaire. Nous sommes toujours attirés par quelque chose que nous ne pouvons pas atteindre. Le luxe avait besoin de l’authenticité et de la crédibilité du streetwear, avec Billionaire Boys Club on a toujours voulu lier ces deux univers.

Quand Virgil Abloh déclare que le streetwear est mort, quel est votre avis sur le sujet ?

Ross : C’est une question compliquée parce que je ne suis pas vraiment sûre que le streetwear mourra un jour. Il y aura toujours du streetwear car ça vient de la rue.

Buddy : C’est exactement ce que je pense. Je fréquente souvent Virgil, mais je pense qu’il a gagné beaucoup d’argent avec son travail dans le luxe. Il y a toujours des gens pauvres qui sont dans la rue. Le streetwear se compose, de vêtements que tu trouves en fripe, qu’on te donne ou que tu échanges … Cela ne correspond pas à un type de vêtement précis, tous dépens de comment tu le portes. C’est ça pour le moi le vrai streetwear. Virgil Abloh est riche, il peut porter du luxe, mais les gens qui vivent dans la rue, ils continueront à porter du streetwear.

Il faudrait qu’on trouve un nouveau mot pour définir notre streetwear du coup. “Real Wear”, “Real Streetwear” …

– Ross Westland

Est-ce que vous pensez que ce mot est mal utilisé aujourd’hui ?

Ross : Oui je pense qu’il est utilisé de manière commerciale aujourd’hui, mais les vraies marques streetwear ne se définissent elles même plus avec ce terme de toute façon. Comme nous, elles inspirent à tirer parti d’autres courants.

Buddy : Le streetwear a été gentrifié, le luxe peut faire de l’argent avec. Louis Vuitton x Supreme a été le début de cette nouvelle utilisation du terme de “streetwear” et tout ce qui arrive aujourd’hui découle de ça.

Ross : Il faudrait qu’on trouve un nouveau mot pour définir notre streetwear du coup. “Real Wear”, “Real Streetwear” … On va réfléchir à ça.

À quel point c’est important pour une marque comme Billionaire Boys Club d’être ici à Paris ?

Ross : C’est important d’être vraiment partout aujourd’hui. Avec le digital, les gens ont tendance à ne pas aller vraiment voir les pièces. On veut montrer physiquement les pièces au plus de monde possible et ça passe par ce genre de showroom. Avec Billionaire Boys Club on aime également beaucoup travailler avec des collectifs locaux et c’est ce qu’on aimerait faire à Paris. On cherche des locaux d’ailleurs actuellement.

J’écoute aussi du Hamza, on prépare quelque chose avec lui en ce moment

– Ross Westland

 

Est-ce que vous avez vu des différences dans la manière dont les gens s’habillent à Paris par rapport à Los Angeles ?

Ross : Enormement, Buddy représente d’ailleurs bien la manière dont on s’habille à Los Angeles. À Paris, les gens ont l’air plus chic, l’homme normal sera plus chic qu’à Londres ou LA même si à Londres il peut être plus “smart” parfois.

Est-ce que vous écoutez du rap parisien ?

Ross : Je n’en n’écoute pas beaucoup, mais j’ai déjà entendu du Booba. J’écoute aussi du Hamza, on prépare quelque chose avec lui en ce moment à Bruxelles, mais je ne peux pas en dire plus.

Le dernier clip de Buddy, Hollywood est disponible sur YouTube.