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Captaine Roshi : “Mon objectif c’était de faire peur aux maisons de disques”

Personnage haut en couleur d’une scène rap parisienne qui l’est tout autant, Captaine Roshi incarne déjà le futur de la trap. Il ne faut cependant pas rapidement le catégoriser dans la case des trappeurs. Le jeune rappeur s’est fait connaître avec “Elle”, une balade romantique qu’il n’assume plus vraiment aujourd’hui, mais qui a pourtant révélé une autre facette de sa personnalité. Capable de chanter comme de kicker, Captaine Roshi a présenté la semaine dernière son tout premier projet. Emmené par son single éponyme “Attaque”, cette mixtape met une fois de plus en avant son énergie débordante, mais dans une dimension plus structurée que les SDD. Rencontre avec Captaine Roshi à l’orée d’une nouvelle ère pour lui.

Tu es né à Kinshasa au Congo, tu as quel souvenir de là bas ?

Je suis resté à Kinshasa jusqu’à mes 11 ans. J’ai beaucoup de souvenirs des bêtises que j’ai pu y faire. Tous les matins par exemple, on s’était donné comme défi de passer par dessus un caniveau vraiment sale. C’était pas facile, si on se loupait on pouvait se casser un pied et tomber dans les toilettes de tout le monde. C’était notre dose d’adrénaline quotidienne. Aujourd’hui, je suis persuadé qu’aucun de mes potes de Paris là-bas le ferait.

T’as réussi à retrouver un défi de ce genre en France ?

C’est plus dans les jeux vidéo maintenant. Il faut toujours que je finisse mes jeux en mode hardcore. Je perds beaucoup, je m’énerve énormément, mais attention, je ne jette jamais la manette. En ce moment je joue beaucoup à God of War. J’aime beaucoup le 4 parce qu’il fait référence à la mythologie nordique et c’est quelque chose qui me passionne.

Est-ce que tu vas te renseigner sur la mythologie hors des jeux vidéo après ?

Oui je lis beaucoup de chose sur la mythologie. J’essaye de comprendre l’importance de chaque dieu et leurs intentions. Le meilleur d’entre eux c’est Forseti, le dieu de la justice, Thor à côté de lui, c’est rien du tout. Ce n’est qu’un sbire de Odin. Je pourrais faire un album entier sur la mythologie nordique. Dans Attaque 2 d’ailleurs il va y avoir plein de références.

Sur des morceaux Boom Bap qui vont bientôt sortir, je raconte un peu ma vie, mais j’ai du mal à les réécouter aujourd’hui.

– Captaine Roshi

Tu cites régulièrement Gims comme référence, pourquoi t’es encore si attaché à lui ?

Le premier qui m’a mis une claque il a gagné. Son morceau “À 30%”, je l’ai écouté, réécouté et je me suis véritablement pris une claque. Après j’ai commencé à vraiment m’intéresser à la Sexion d’Assault et Maitre Gims ne me décevait jamais. Ce qu’il raconte c’est très profond et j’aime comprendre des choses dans les morceaux 1 mois après la première écoute. Dans “Ceinture Noire” par exemple il parle de sa femme avec un amour passionnel et moi je me sens incapable de le faire aujourd’hui.

Tu penses pouvoir arriver à faire ce genre de morceau un jour ?

Peut-être un jour, avec un bon Jack Daniel’s dans le studio ça pourrait être possible. Sur des morceaux Boom Bap qui vont bientôt sortir, je raconte un peu ma vie, mais j’ai du mal à les réécouter aujourd’hui. C’est trop profond pour moi.

C’est une référence pour toi Gims dans sa manière d’opérer une transition vers le commercial ?

Mon style de morceau commercial aujourd’hui c’est un morceau comme “Elle”. Les gens me demandent de refaire ça. Il faut que je trouve un entre-deux. Je chante beaucoup tous les jours, mais pas sur mes sons. J’adore écouter des mecs qui chantent en se confessant.

Je suis convaincu que tout le rap français m’a volé mes danses.

– Captaine Roshi

Tu t’es fait remarqué avec les freestyle SDD, c’était quoi l’objectif derrière les premiers ?

Mon objectif c’était de faire peur aux maisons de disque. Je me suis dit que si j’arrivais à atteindre les 100k vus, mon téléphone allait sonner. Mon téléphone a sonné dès le freestyle n°2. J’étais persuadé que ça allait venir, mais pas aussi rapidement. On avait prévu ça pour le 6e, mais au final à partir du 2 on a commencé à parler avec les maisons de disque et au 4 on a signé chez Caroline. Ils ont vite compris que j’aimais casser l’image du rappeur français.

Quelle est l’image du rappeur français pour toi aujourd’hui ?

Il y a toujours ce rapport de gang, les mecs ne bougent pas. Quand je suis arrivé dans le rap, je suis arrivé avec la danse. J’avais envie de casser cette image du trappeur qui fait la gueule. J’avais envie de m’amuser avec ma musique. Dans tous mes sons, je suis en train de danser. D’ailleurs, je suis convaincu que tout le rap français m’a volé mes danses.

Ça a l’air de vraiment t’affecter les mecs qui te copient ?

Oui parce que depuis tout petit j’aime créer. Je me creuse la tête pour créer quelque chose de différent. Avec ma team on danse tout le temps en boîte, on fait parfois n’importe quoi et le mecs qui nous regardent bizarre sont les premiers à réutiliser nos gestus dans leurs clips.

L’image du rappeur qui fait la gueule et qui ne partage rien c’est terminé pour moi.

– Captaine Roshi

Est-ce que tu as vu la place de la gestuelle changer dans le rap ?

Je suis congolais, depuis tout petit je danse et je sais que la danse apporte beaucoup à la musique. Booba par exemple était complètement immobile dans ses clips. Maintenant il lâche quelque petit pas et tout le monde les reprend. On partage quelque chose de différent avec la danse.

Et le mouvement de Mozart vous l’avez bossé ensemble ?

On l’appelle le Mozardo ce pas. Il fait quelque chose de bizarre, on dirait un corbeau qui vole, mais qui galère à décoller. C’est un mouvement qu’il a lui-même fait en boîte et on est devenu fou. Passe une soirée avec nous et tu verras qu’on fait vraiment n’importe quoi. L’image du rappeur qui fait la gueule et qui ne partage rien c’est terminé pour moi.

Avec quel type de musique tu t’es construit ?

J’écoutais beaucoup de musique congolaise avant que ma soeur ait révolutionné mon monde avec le rap américain. Dilemma de Nelly par exemple m’a hanté. Je l’écoutais tous les jours, j’avais 5 ans, je ne comprenais rien à ce qu’il disait, mais je le chantais. De 2005 à 2017 je n’écoutais que du rap US et depuis 2017 je passe ma vie à écouter du rap français.

Le rap américain tourne en rond et le rap français est génial en ce moment.

– Captaine Roshi

Comment t’expliques cela ?

Aujourd’hui, les Américains ne font que de se répéter. Le rap américain tourne en rond et le rap français est génial en ce moment. Je suis toujours fasciné par des rappeurs Soundcloud de l’époque quand je postais moi aussi mes sons. Il y avait Freeze Corleone, Osirus Jack, Kaki Santana … C’est des petits monstres qui n’arrêtent pas de monter et qui ne copient pas le rap américain.

Pourquoi tu es autant fasciné par les mangas ?

Parce que la réalité est ennuyante. Quand je me plonge dans mon manga, je vois des gens qui n’existent pas. Je déteste la réalité en fait, je ne peux pas regarder de séries policières à part Sherlock Holmes parce qu’il est trop intelligent. J’aime les êtres intelligents, mais ils sont trop fous.

Tu as 3 featuring dans ton projet, comment ça s’est fait avec eux ?

Key Largo je les suis depuis très longtemps, on s’est capté quelques fois et depuis on est souvent ensemble. On a vraiment attendu longtemps avant de le faire et là je pensais que c’était le bon moment. Pour Youv Dee, ma communauté c’est comme les corbeaux d’Odin, ils parcourent le monde pour me dire tout ce qu’il se passe. Le nom de Youv Dee est revenu plusieurs fois donc on l’a fait. Squidji c’est un ancien de mon crew, j’ai toujours aimé sa façon de chanter et je voulais qu’il soit dans mon premier projet.

Ton projet est sorti maintenant, c’est quoi le futur pour toi ?

Je vais encore sortir plusieurs mixtape parce que j’ai peur du rapport avec l’album. La pression des chiffres est importante et je n’ai pas envie de décevoir avec mon album. J’ai 4 mixtape en tête avant l’album. Je montre seulement le Roshi qui crie à l’abordage en ce moment. Le vrai capitaine il viendra plus tard, quand la mer sera calme.