L’UFC compte un nouveau phénomène et il est français. À 30 ans, Ciryl Gane fait partie des jeunes d’une ligue actuellement dominée par un américain de 37 ans. Lui qui est venu au MMA presque par hasard est en train d’écrire une belle histoire en UFC. Invaincu en 7 combats, il s’apprête à connaître son premier Main Event dimanche, comprenez sa première tête d’affiche. Nous l’avons rencontré durant un entraînement à la MMA Factory en amont d’un combat déterminant pour sa carrière.
Est-ce que tu peux nous parler de ton parcours ?
Je suis né à la Roche-sur-Yon, je suis monté à Paris à 18 ans pour faire un BTS. J’ai fait beaucoup de foot et de basket quand j’étais jeune, mais j’ai mis le sport de côté à Paris. Dans ma classe en BTS, un ami pratiquant de Muay Thai m’a fait essayer. J’ai la chance d’avoir des facilités dans les sports et j’ai été remarqué par les coachs. Au bout de 3 ans, je deviens double champion de France avec des beaux combats remportés.
Comment as-tu fait la transition vers le MMA ?
C’est en partie grâce à Ichon. Son père est un très bon cuisinier et il est de la même génération que mon coach, Fernand Lopez. Un jour, il me parle de cette salle qui était plus proche de mon appartement. Je vais faire mes premiers entraînements là bas et je me prête au jeu du MMA. Tout de suite, Fernand Lopez me dit qu’il peut faire quelque chose avec moi et que d’ici 2/3 ans on peut aller à l’UFC et faire de l’argent. Il m’a parlé d’une manière très crue, mais c’était du concret. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de le suivre et de me focus sur le MMA.
J’ai combattu seulement 6 mois après avoir commencé le MMA
Qu’est-ce qui a changé concrètement pour toi dans ton entraînement ?
J’ai dû repartir de zéro car au Muay Thai c’est seulement du pied/point. En MMA on utilise tout : la lutte, les projections, les soumissions au sol … C’était des choses que je ne connaissais pas. J’ai vraiment aimé la sensation de repartir d’une page blanche.
Quel souvenir as-tu de ton premier combat de MMA ?
J’ai combattu seulement 6 mois après avoir commencé le MMA. On m’avait beaucoup descendu avant ce combat sur les réseaux parce que je venais du Muay Thai et que je suis léger pour un poids lourd. Je le gagne et c’était vraiment un coup de poker pour la ligue, car c’était pour la ceinture mondiale du TKO (la ligue canadienne). On prend la ceinture, on la vole et on la défend ensuite. L’UFC m’a approché dès le deuxième combat en TKO. J’ai fait trois combats que j’ai remportés dans cette ligue et puis je suis allé en UFC. Je suis passé du TKO à l’UFC en 1 an.
Comment ça se prépare un combat d’UFC ?
Il n’y a pas beaucoup de place pour l’improvisation. On a un programme très précis à suivre où on monte en intensité. On commence par les bases ensuite sur l’endurance et après l’explosivité. On travaille aussi la tactique en fonction de l’adversaire. On regarde ses forces et ses faiblesses pour mettre en place un Game plan avec le coach.
Moi pour l’instant je recherche plus la visibilité. L’argent viendra plus tard.
Comment tu peux respecter un plan dans ce type de sport où tout peut se passer dans la cage ?
Par exemple, moi à la base ma force c’est le striking, le pied/point. Si je rencontre un mec qui est lutteur son objectif sera de me mettre au sol et de me terminer comme ça. C’est pour cela qu’on étudie l’adversaire en amont pour comprendre comment il va réagir.
Quelle est ta routine d’entraînement à l’approche d’un combat ?
En ce moment, je m’entraîne matin et soir. Il faut faire attention à ne pas se « surentraîner » parce que je peux rapidement me blesser. Il faut faire les choses intelligemment. Ce matin par exemple j’ai fait un circuit training, 5×5 minute avec des exercices physiques proches de l’exigence du combat. Cette après-midi avec mon coach Fernand Lopez je vais faire du tactique. On appel ça « La Leçon » entre nous.
On veut créer des automatismes dans la cage. À côté de ça, j’ai un sponsor qui calcule mes besoins alimentaires et qui met ce qu’il faut dans mes plats. Après naturellement je dois me reposer bien dormir pas faire la fête etc … En tant que team Bon Gamin à l’époque c’était pas toujours facile pour moi. J’étais le mec qui pensait au lendemain. Eux ils s’en foutaient, mais dans mon métier l’hygiène est trop importante.
Est-ce que tu peux nous expliquer comment se négocient les combats en MMA ?
Ça se négocie entre nos managers respectifs et l’UFC. Il y a des mecs, leur travaille c’est d’imaginer les matchs qui vont générer le plus d’attente. L’objectif de nos managers c’est que leurs athlètes évoluent dans le bon sens. Derrière il y a l’aspect argent qui rentre en compte, mais moi pour l’instant je recherche plus la visibilité. L’argent viendra plus tard.
Je veux garder l’image du mec simple, naturel et rester moi même.
Quelle place l’image occupe-t-elle dans ces négociations de combat ?
L’image appartient à chacun en fait. Moi je reste très simple et naturel. Il y a forcement des choses qu’on est obligé de faire pour l’UFC sinon ils vont s’ennuyer, mais je tiens à rester moi même. Nous en France on n’a pas trop cette culture du trash talking qui est très importante là bas. C’est pour ça qu’on va retrouver des mecs comme McGregor qui font le show.
Mais tu ne te sens pas obligé de jouer ce jeu ?
Pas pour l’instant, chacun son personnage. Il y a les Bad Boy comme Masvidal, il y a les extravagants comme McGregor encore une fois. Pour moi le secret c’est de garder son identité. Je veux garder l’image du mec simple, naturel et rester moi même.
Quelle relation avez-vous entre les combattants ?
C’est un sport différent donc il y a un peu d’animosité, mais rien de méchant. Le trash-talking existe entre nous peut-être pour agiter les réseaux sociaux, mais personnellement je ne suis pas à l’aise avec ça. Je crois beaucoup au karma en fait. Je ne pourrais jamais me battre contre un ami par contre. Par exemple, Alan est dans la même catégorie que moi aujourd’hui, mais je ne pourrais pas faire un vrai combat contre lui. C’est des valeurs humaines c’est impossible.
Il faut juste être audacieux, tout est réalisable.
Est-ce que tu as un adversaire de rêve ?
Non je ne pense pas parce que je viens de commencer au final le MMA. Ça fait que 3 ans que je connais ce sport donc je me découvre encore moi même dedans. Je suis spectateur de ma vie. Ce n’est pas comme si tu me disais que j’allais jouer contre Zidane sur un terrain de foot. Là ok c’est un rêve.
Tu fais partie du crew Bon Gamin, comment avez-vous vécu l’évolution votre carrière respective ?
On l’a vécu un peu tous de la même manière, mais dans notre secteur respectif. J’ai commencé après eux donc je me suis inspiré de leur parcours. Myth Syzer depuis tout petit il ne voulait faire que ce qu’il aimait. À l’école, il aimait les maths donc il était le meilleur là dedans, mais il ne fallait pas lui parler d’autre chose. Ichon c’est pareil, c’est des mecs ils n’ont jamais respecté les codes et il continue de faire ce qu’ils veulent. Je me suis inspiré d’eux et de leur volonté sauf que moi en soirée je rentre à minuit et je ne bois pas d’alcool.
Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui rêve de MMA ?
Comme dit Ichon : Il suffit de le faire. Fais-le, c’est aussi simple que ça. Ait confiance en toi parce qu’aujourd’hui si t’as envie de créer une marque de stylo tu peux devenir millionnaire avec. Il faut juste être audacieux, tout est réalisable.
Le combat entre Ciryl Gane contre Jairzinho Rozentruik se déroule dimanche à 2h du matin, heure française et sera diffusé sur RMC Sport.
Images : @evil.wayz & @yonatvn