Dickies fête cette année ses 100 ans. Cet anniversaire, la marque a choisi de le célébrer sous l’angle de l’héritage en mettant en avant ses pièces classiques qui ont contribué à construire sa renommée. Pour parler de l’histoire de la marque, nous avons rencontré Ann Richardson, une employée historique de Dickies.
Véritable mémoire vivante de la marque, Ann Richardson a passé 50 ans chez Dickies et est désormais son archiviste en chef. Elle nous parle de son travail au quotidien chez Dickies et nous explique le rôle des archives dans le travail des designers.
Comment a commencé votre carrière chez Dickies ?
J’ai commencé à travailler chez Dickies en tant que styliste assistante. Mon travail était de développer des nouveaux matériaux pour nos vêtements. Je me rendais dans des salons à New York plusieurs fois par an pour sourcer des matériaux et produits qui venaient de tous les États-Unis.
À qui s’adressait Dickies a ses débuts ?
Dickies a été créée en 1922 et à cette époque il y avait beaucoup de petites marques de workwear un peu partout aux États-Unis. Les travailleurs se fournissaient auprès de marques locales proche de chez eux. Les vêtements Dickies étaient dès le début faits pour ces populations rurales. Les fermiers, mécaniciens … n’importe quelle personne qui devait faire des activités salissantes consommait du workwear. Le workwear est universels et populaires dans son ADN.
Quel est votre travail aujourd’hui en tant qu’archiviste chez Dickies ?
Je fais principalement de la recherche pour la marque. Je cherche des anciens produits ou des anciennes matières pour reconstituer nos archives. Nous capturons tous les produits en haute résolution pour voir tous leurs détails. On les partage ensuite à toute notre équipe de designer à travers le monde.
Quelle est votre archive préférée de Dickies ?
Sans aucun doute une blouse des années 40. En l’étudiant, on s’est rendu compte de choses étranges dans sa construction. Encore aujourd’hui on ne sait pas pourquoi certaines coutures ont été positionnées de cette manière. C’est très enrichissant pour nous de trouver ce genre de pièces pour créer les vêtements Dickies de demain. On les garde précieusement dans nos locaux.
Votre travail est donc de rechercher les histoires de ces pièces ?
Oui, parfois on a de la chance et on tombe sur de belles histoires. Pour un ensemble de pantalon et chemise, on avait une lettre qui datait de 1947 d’un ouvrier qui expliquait qu’il avait porté sa blouse pendant 10 ans et qui demandait à Dickies de lui en envoyer une autre. L’histoire ne nous dis pas si Dickies lui en avait envoyé une à l’époque.
Les vêtements Dickies sont toujours fabriqués aux USA aujourd’hui, comment ont-ils évolué depuis les années 20 ?
Notre volonté avec Dickies est de conserver les coupes et matériaux originaux. Les technologies et méthodes de fabrication ont énormément évoluées, mais on tient à rester au plus proche de cette époque. Aujourd’hui, on est fier de pouvoir dire que nos vêtements n’ont pas vraiment bougé depuis 100 ans. Mon travail est de veiller à ce que cette histoire soit respectée.
Dans vos archives, il y a un pantalon qui date de la Seconde Guerre mondiale, quel était le rôle de Dickies pendant cette période ?
Dickies produisait des uniformes pour les soldats américains. Durant cette époque on n’avait pas vraiment le choix et les commandes étaient parfois très urgentes avec des volumes très importants. On a gardé un pantalon de cette époque. Ses jambes sont très larges et il était doublé pour se protéger des attaques chimiques. Le Zip n’était pas encore très utilisé à l’époque, ce pantalon avait donc des boutons ce qui n’était pas très pratique.
Qu’est-ce qui va faire durer Dickies encore 100 ans ?
On veut continuer à développer notre présence sur le workwear et s’implanter un peu plus sur le skate et les différentes subcultures du monde. En Europe en particulier, le workwear est plus technique. C’est quelque chose sur lequel nous travaillons actuellement. Il n’y a pas vraiment de limite dans les technologies que l’on peut incorporer au vêtement donc l’avenir est très intéressant pour nous.
Dickies a décidé de célébrer l’ensemble des communautés qui ont adopté ses produits. Avec VICE Media, la marque a produit un documentaire mettant en avant 3 subcultures qui portent du Dickies au quotidien. Des fermiers du Texas aux mécaniciennes de la côte Ouest en passant par les skaters de la nouvelle Orléans, la marque a suivis tous ces acteurs qui ont contribué à faire évoluer la marque.
Son objectif était de trouver les points de convergence entre ces groupes de personnes et ce qui les amenait à porter du Dickies au quotidien.
Le documentaire « Made to Last » est disponible en intégralité sur YouTube.