Dans le paysage musical francophone, il n’est pas exagéré de dire qu’ Hamza fait l’unanimité. Plus qu’un simple artiste, Hamza est devenu un véritable phénomène culturel. En bon représentant de la culture rap qu’il est, ce dernier s’est associé à l’une de ses forces motrices : le géant Nike, pour donner naissance à un Tech Pack exclusif version SauceGod. On s’est donc entretenu avec Hamza pour parler de sa première collaboration avec Nike sur un ensemble tech pack bespoke et évoquer son actualité musicale.
Nike travaille actuellement avec les plus grands acteurs de la scène street (Travis Scott, Drake, Virgil Abloh…), est-ce que pour toi c’est une forme de reconnaissance ?
Hamza : Oui, complètement. Ça fait plaisir d’être contacté par Nike. Ça montre qu’ils reconnaissent mon travail, c’est une opportunité en or. En plus de ça je suis un grand fan de la marque, je mets des Nike tous les jours donc c’est vraiment cool.
Comment s’est goupillée cette collaboration ?
Hamza : Moi et mon équipe on est en relation avec Nike depuis 1 ou 2 ans maintenant. On avait rencontré un exécutif de la marque qui aimait bien ce que je faisais, il nous a pas mal soutenu puis avec le temps la relation a évolué : Nike nous a appelés pour faire des projets de plus en plus concrets, c’est ce qui nous a menés jusqu’ici et la relation continue de se forger avec le temps.
Quels ont été les éléments qui ont inspiré ce bespoke ?
Hamza : Moi et mon pote Nico, qui était chargé de la Direction artistique sur le custom, on était en pleine réflexion sur la direction que l’on voulait prendre. Et puis un jour, je regardais La Momie : La Tombe de l’empereur Dragon avec Jet Li et c’est comme ça qu’est venue l’idée. Je me suis dit que ça serait bien de s’inspirer des visuels asiatiques : genre les dragons, les tigres et tout … J’en ai parlé à Nico et il était chaud, donc du coup il a commencé à chercher des idées de son côté aussi. Je voulais aussi utiliser des patchs et ça lui a bien plu donc je donnais les idées puis lui les développait. J’avais aussi l’idée de faire les visuels dans un environnement aux influences chinoises pour vraiment avoir la bonne ambiance.
C’était quoi le processus de travail exact entre Nico et toi ?
Hamza : Moi je lui donnais les idées et lui les mettait en oeuvre en rajoutant sa touche. Il a été chercher les matières, découpages, recollages, imprimés, travailler sur Photoshop et tout ça. Pour le custom on voulait une base vraiment sobre pour vraiment souligner ce qu’on allait rajouter et pas trop charger les pièces.
Le Tech Pack est devenu en quelques années un véritable uniforme dans la rue, qu’est ce que ça représente pour toi ?
Hamza : Chez nous à Bruxelles, c’est un peu la même culture qu’à Paris et Londres. Les jeunes mettent beaucoup de Training, ça fait partie des codes de la rue. Le Teck Pack en particulier c’est très apprécié par les jeunes déjà et il y a de plus en plus de gens qui le mettent. En plus tu es à l’aise dedans c’est confortable, Nike a fait un bon boulot.
Les rappeurs US se permettent pas mal de folie au niveau style, à côté les rappeurs francophones pour la plupart sont encore assez timides à ce niveau-là, de ton côté dans tes clips tu as toujours des fits stylés, est-ce que tu penses que le style vestimentaire participe à l’expérience musicale et l’impact que peut avoir un artiste ?
Hamza : Oui ça a un impact, mais je ne pense pas que ce soit le plus important. Tu as des artistes qui sont super sobres et qui dégagent quand même quelque chose. Ils ont une grosse présence avec ou sans vêtements de designer. Après je pense que faire attention à son style c’est quand même une bonne chose. Ça fait partie de la culture Hip Hop et moi personnellement c’est quelque chose qui me tient à coeur. J’aime bien les marques, j’aime bien m’habiller, j’aime bien être propre sur moi c’est quelque chose de personnel, après l’image dans la musique ça reste tout de même important, mais ça ne doit pas être une obligation. Mais de nos jours, dans l’industrie actuelle l’image c’est 50% et la musique c’est 50% aussi.
On sait que tu aimes particulièrement Atlanta, on a vu bon nombre de « baby Young Thug » poussé ces derniers temps, est ce qu’il y a des artistes que tu apprécies parmi ces nouveaux venus ?
Hamza : J’aime beaucoup Gunna, son dernier projet est vraiment lourd. Je le suis depuis longtemps, mais là c’est son apothéose. Il y a Lil Baby aussi que j’aime bien. Young Nudy aussi, c’est pas le même délire que Young Thug, mais il est street et ça j’aime bien. La scène d’Atlanta est immense, mais quand tu regardes ils ont imposé leur délire, maintenant tu as des mecs qui viennent de New York qui imitent les gars d’Atlanta, que ce soit les rappeurs ou les producteurs, tous les regards sont rivés sur Atlanta.
Parmi les albums de rap US sortis cet été lesquels as-tu écouté ?
Hamza : J’ai écouté le dernier Young Thug, le dernier album de Travis Scott est lourd. J’ai beaucoup aimé le dernier album solo de Kanye West et son album avec Kid Cudi aussi.
Qu’est-ce qui t’inspire le plus en ce moment d’un point de vue musical ?
Hamza : J’ai pas forcément de source d’inspiration, en général je pars en studio et je me laisse porter par le flow. Après parfois tu t’inspires de tout ce qui se passe dans ta vie, mais bien souvent j’y vais au feeling.
Si tu pouvais collaborer avec la personne de ton choix pour un album collaboratif : ce serait qui ?
Hamza : Pour ma part celui qui colle le plus avec mon style, c’est Damso, on a déjà travaillé ensemble et je sais qu’avec lui ça collerait bien. Après je ferais bien un truc aussi avec Gunna ou Quavo par exemple, ils sont forts j’aime bien.
Qu’est ce que tu penses de cette nouvelle route que le rap est en train de prendre ?
Hamza : Je trouve que c’est une bonne route. Le rap est en train de s’approprier plein de cultures et je pense que c’est pour ça que c’est le style qui marche le mieux aujourd’hui. Si tu regardes bien, le rap est presque devenu de la pop music maintenant. Après pour moi la musique c’est vraiment au feeling.
Est-ce que tu penses qu’il est possible pour le rap francophone de briser les frontières comme le rap US ?
Hamza : Je pense qu’avec le temps ça va arriver. Quand tu regardes bien il y a des artistes en France qui font des plus grosses ventes que des mecs aux US. Regarde des gars comme Jul, Damso, PNL il font des gros chiffres, genre du 500 000, même Nicki Minaj elle a fait du 150 000 pour sa première semaine. On vend beaucoup, PNL a fait la couverture de Fader Magazine, même moi il y a beaucoup d’artistes US qui me contactent, qui aiment et qui comprennent ce que je fais. Ils sentent justement l’influence, la barrière de la langue est déjà cassée parce qu”ils écoutent et ils aiment. C’est pareil ici, Il y a beaucoup de gens qui écoutent de la musique anglophone et qui aiment sans pour autant parler ou comprendre l’anglais. Même moi j’écoute des musiques espagnoles, italiennes, parfois je ne comprends pas, mais c’est bien fait et c’est cool donc ça fait plaisir. On est en train d’aller justement dans ce sens-là et c’est bien.
Tu parlais de contact avec des artistes étrangers, est-ce que l’on peut avoir des noms ?
Hamza : Il y en a plein, je suis en contact avec beaucoup d’artistes que ce soit par exemple l’a$ap Mob, Skepta, pas mal d’artistes de la scène de Toronto aussi et plein d’autres encore. Ils aiment bien ce que moi et mon équipe faisons et c’est cool.
Aujourd’hui on trouve des Hamza type beat sur YouTube par exemple qu’est que tu penses de ce genre de choses ?
Hamza : Je trouve ça bien. Ça a toujours été comme ça dans la musique depuis la nuit des temps. Je pense que c’est une forme de reconnaissance. Ça veut dire que pour ces gens tu es une source d’inspiration. Quand tu regardes bien les gens qui essayent de faire comme les gros artistes ils le font à leur sauce, c’est jamais juste du copier-coller donc moi je pense que c’est important. Quand tu regardes les plus grands artistes, ils ont toujours eu des gens qui essayaient de faire pareil et moi je pense que c’est bien.
Ta dernière apparition musicale c’était sur “vrai love” avec Ikaz Boi. Tu es assez calme niveau solo dernièrement, qu’est ce que tu nous prépares, à quoi doit on s’attendre ?
Hamza : Je bosse beaucoup ces derniers temps. D’ailleurs j’ai une surprise qui va arriver très bientôt et puis il y a l’album qui va sortir bientôt aussi. J’ai pris mon temps parce que je voulais offrir quelque chose de nouveau, je voulais que quand les gens écoutent mon prochain projet, ils comprennent que j’ai beaucoup taffé. Donc j’ai hâte de sortir tout ce que j’ai concocté. Là je travaille sur la direction artistique, mais ça va être lourd.
Propos recueillis par : Yann Allui
Photos : Jeremie Masuka pour WAVE®