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Him$ : “Je suis né en France, je parle français et j’utilise ma langue pour faire la musique que je veux”

 

Tee-shirt Bart Simpson, pantalon d’un créateur coréen au nom imprononçable, on comprend vite que Hims$ n’a rien a faire sur le vieux continent. Du haut de ses 22 ans, le jeune rappeur a fait parler de lui en France en s’affichant avec les membres du A$ap Mob. Quand certains vendraient père et mère pour obtenir leur validation, Him$ est devenu le point d’entrée de rappeurs américains lors leur passage à Paris. Une relation qui lui a permis de signer des featuring avec Tweelvy et Ant tout en restant dans l’ombre d’un rap français qui a encore du mal à cerner le personnage. Rencontre avec Him$ dans son ancien quartier de Gare du Nord.

Où est-ce que tu as grandi ?

J’ai grandi à Montfermeil dans le 93 pendant que mes parents n’avaient pas encore d’appartement. Autour de mes 5 ans j’ai déménagé dans Paris à Château d’eau dans le 10e arrondissement, mais on a très vite dû déménager à Gare du Nord à cause d’un incendie. Maintenant, je suis dans le 19e arrondissement, toujours chez mes parents.

À quel moment tu as commencé à t’investir dans le rap ?

Durant ma scolarité je travaillais avec un collectif qui s’appelait RAW qui regroupait des rappeurs et des DJ. J’étais une sorte de manager parce qu’on était beaucoup dans ce collectif. J’écrivais un peu pendant que j’étais à l’école, mais je ne sortais rien parce que j’étais conscient que je n’étais pas encore assez bon. Ce collectif a ensuite rapidement éclaté, mais je croise encore toujours des bonnes connaissances comme JMK$ ou Rom$ qui ont continué à tracer leur propre chemin. Après cet épisode, j’ai également fait brièvement partie d’un groupe, mais j’ai rapidement choisi de continuer en solo.

Comment tu le vis aujourd’hui d’évoluer en solo ?

Je ne suis pas vraiment tout seul, j’ai créé mon propre label dans lequel j’essaye de faire monter des artistes. Dans ce label, il y a des rappeurs comme FVRTIF ou Lowssa, mais aussi des beatmaker et des personnes qui font des clips. On a sorti une mixtape ensemble, la WorldWide Tape, où tout le monde est dessus et dans laquelle j’ai invité des rappeurs internationaux. Je suis très bien entouré avec des amis proches avec qui j’avance au quotidien.

Avec A$ap Twelvy, on a passé une journée à Disneyland, on a beaucoup parlé de son et on a fini au studio – Him$

Dans cet entourage il y a beaucoup d’américains, comment as-tu construit ton réseau aux USA ?

C’est d’abord avec mon meilleur pote Lucciano. On a fait pas mal de rencontre pendant qu’on était à Londres. On a rencontré des mecs comme Vic Mensa, Yoni de Marché Noir ou encore le manager de Danny Brown. Ça nous a fait comprendre qu’on devait créer un réseau avec des bonnes têtes dans le monde entier.

Comment tu expliques qu’ils ont voulu poser sur tes sons ?

Je pense qu’ils ont aimé ma façon d’être. Avec A$ap Ant, on a fait deux sons dont un avec Darek, un rappeur brésilien. Je fais parti de son collectif Marino Infantry, je suis le seul membre hors USA. Avec A$ap Twelvy, on a passé une journée à Disneyland, on a beaucoup parlé de son et on a fini au studio. On a enregistré deux morceaux et clippé le soir même. Ça fait longtemps qu’on se connait, les choses se sont faites naturellement.

Avec quel genre de musique tu as grandi ?

Au lycée j’ai vraiment beaucoup écouté Kanye West, The UnderArchivers, le A$ap Mob, Flatbush Zombies … J’écoutais énormément de rappeurs différents, mais qui n’avaient pas encore vraiment percé. Ces mecs-là sont vraiment devenus populaires quelques années après et j’ai vraiment aimé les écouter quand ils étaient encore underground.

Je suis né en France, je parle français et j’utilise ma langue pour faire la musique que je veux. – Him$

Quelle relation as-tu avec cette musique populaire que l’on entend à la radio ?

Tous les jours on se fait laver le cerveau par des morceaux qu’on écoute contre notre grès. Par exemple au début, je n’aimais pas vraiment Koba LaD et après l’avoir écouté et réécouté j’ai appris à aimer son travail. Ça se passe au niveau du cerveau, c’est comme un piège pour moi.

Est-ce que tu as senti une différence en terme d’exigence au niveau des lyrics avec les rappeurs américains ?

En France, on a la chance d’avoir une langue hyper riche. J’admire vraiment ce que font des mecs comme SCH ou Ninho. À l’inverse, PNL a réussi en France avec des lyrics basées sur des choses factuelles qui parlent à leur public associées à une imagerie qui colle avec leur discours mais c’est une exception. Aux États-Unis, ça fait longtemps que les gens acceptent aussi la musique moins lyricale, avec une écriture moins complexe. La paresse de Lil Pump, Soulja Boy l’avait aussi à son niveau il y a plusieurs années. Je suis conscient que je me rapproche plus de lyrics à la PNL ou à celles d’autres artistes américains, mais sans leur nombre de stream.

T’as donc décidé de ne pas t’adapter aux exigences du marché en français ?

Je suis né en France, je parle français et j’utilise ma langue pour faire la musique que je veux. C’est aussi simple que ça. Pour moi le rap c’est différentes ligues avec leurs attentes bien précises. Offset qui a kiffé sur Hamza quand on lui a fait écouter du Lomepal ou du Jul, ce n’est pas étonnant. Hamza propose des sonorités compatibles avec les Américains. Comme dans le foot, si tu n’es pas prêt à aller jouer physique quand t’arrives en Angleterre tu vas te faire défoncer. De mon côté je n’ai pas vraiment envie de proposer qu’une seule sonorité. Je me vois comme un rappeur worldwide avec un style de production américain.

Qu’est ce que tu nous prépares pour 2019 ?

Un de mes artistes, FVRTIF, va bientôt sortir quelque chose. J’ai travaillé sur des projets avec presque chacun des artistes de mon label. En ce moment, je travaille surtout sur la promo de projet, LIVE VLONE DIE VLONE, on va tourner des clips dans les prochaines semaines. Cet été je vais faire quelques festivals et j’ai prévu des concerts. Je prépare également un autre projet solo qui devrait sortir plus tard dans l’année.

LIVE VLONE DIE VLONE de Him$ est disponible sur Apple music et Spotify.

 

Him$ porte une veste Drône Paris et une paire de asics Gel Kayano 5 OG.

Images : Antoine Duchamp