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Interview Sylvain, designer Quiksilver : “Le vintage est un cycle sans fin”

Quiksilver ouvre le 7 juin un espace entièrement dédié à des pièces vintages à Citadium. Résultat de plusieurs années de recherche à travers le monde, cette collection sera mise en vente uniquement durant ce pop-up. Nous avons pour l’occasion discuté avec Sylvain Le Roux qui est à l’origine de cette démarche novatrice chez la marque. Vrai passionné de vintage, il nous explique l’origine de son idée et les coulisses de son travail de recherche dans les friperies du monde entier.

Comment est né Quiksilver ?

Quiksilver est née en Australie en 1969. La marque a été fondée par des passionnés de surf, John Law et Adam Green, qui voulaient proposer le meilleur boardshort pour leurs longues sessions dans l’eau.

Leurs boardshorts n’étaient pas parfaits mais c’étaient les meilleurs de l’époque et les meilleurs surfers du monde les portaient. En 1976, 2 jeunes surfeurs américains Bob McKnight et Jeff Hackman amènent ces boardshorts aux États-Unis. Ils ont commencé par les vendre à l’arrière d’un camion, d’abord de plage en plage puis, de surf shops en surf shops. En deux décennies, Quiksilver est devenu la plus grosse marque de boardshort du monde.

Pourquoi la marque est-elle si importante en France ?

Après être née en Australie et avoir été importé aux Etats-unis, l’itinéraire logique était donc de s’implanter en Europe, connus pour ses spots de surf légendaires. C’est en 1984 que Jeff Hakman s’envole pour l’Europe, accompagné d’une Française, Brigitte Darrigrand, d’un Australien, Harry Hodge, producteur de films de surf, et d’un surfeur et designer sud-africain, John Winship. Ensemble, ils fondent Quiksilver Europe.

Avec plusieurs milliers de kilomètres de littoral et un nombre grandissant de pratiquant de surf depuis ses débuts sur la côte basque, Quiksilver s’est imposé comme marque emblématique en France. En lien étroit avec la nature, la montagne et la vague qui forment son logo, elle représente aussi des valeurs de liberté, de passion et d’authenticité, qui je pense, correspondent bien à l’état d’esprit des Français.

Est-ce que la transition des vêtements de surf aux pièces plus urbaines était un choix délibéré ?

Le surf est à la genèse même de Quiksilver et la pratique a permis à la marque d’exister et se développer. Au début, Quiksilver se résumait à des équipements spécialisés pour aller dans l’eau et pouvoir surfer sans gêne et pour se protéger du froid. Mais plus qu’une simple pratique sportive, le surf a aussi construit une vraie culture composée de l’art, de la musique et d’un vocabulaire qui se vit aussi en dehors de l’eau. C’est naturellement que Quiksilver a commencé à fabriquer des vêtements lifestyle et à se nourrir d’influences très diverses, qui sont maintenant reprises dans des pièces plus urbaines. Aujourd’hui, la gamme de Quiksilver regroupe des produits pour aller de l’océan jusqu’à la montagne et tout ce qui se trouve au milieu : des produits Outdoor, des produits plus lifestyle et même pour chiller.

On avait 50 produits en ligne des années 80-90 qui ont été sold out en 24h.

D’où vient cette idée de proposer des pièces vintages de la marque ?

L’idée est venue petit à petit jusqu’à devenir évidente en 2018. Né à Biarritz, j’ai été nourri au surfwear toute ma vie et je peux vous affirmer que le surfwear des années 80-90 est emblématique, c’est une mode unique qui ne ressemble à aucun autre courant. On a eu une période où nos collections étaient créés autours d’artistes iconiques de la marque et certaines pièces sont de véritables œuvres d’art et c’est cette période fun, d’insouciance que l’on veut montrer aujourd’hui.

En plus de toutes nos initiatives pour l’environnement, c’est une démarche responsable que de recycler nos produits et de les remettre sur le marché, afin de pousser les gens à consommer différemment. En tant que designer pour la marque j’ai la chance de beaucoup voyager en périodes de recherches et d’inspirations pour nos futures collections. Il est important d’aller voir la concurrence mais aussi les grands magasins, les boutiques de luxe mais mon plus gros plaisir est d’aller chiner les boutiques vintages, les vide greniers et autres stocks vintage à travers le monde. C’est là que l’on trouve les meilleures inspirations, les meilleures matières, des détails et des imprimés que l’on peut ensuite utiliser pour créer.

En 2018, lors d’un voyage en Californie, j’ai vu du vintage dans certaines boutiques qui n’en proposaient pas auparavant et avec de petites sélections mais de haute qualité. Sachant que certains concurrents étaient déjà sur ce créneau, c’est à ce moment que je me suis dit “Pourquoi pas nous ?”.

De retour de Californie, je voulais que mon idée de vintage surfwear chez Quiksilver soit prise au sérieux, j’ai donc préparé un dossier. Je suis allé frapper à quelques portes, souvent sans réponses puis j’ai réussi à retenir l’attention de Billie Bradbury et Garry Wall. En 24h, j’avais leur feu vert et 6 mois plus tard, on avait 50 produits en ligne des années 80-90 qui ont été sold out en 24h. Une saison après, on a renouvelé l’expérience avec 100 produits et on a eu le même succès.

C’est un long travail de fond, ça demande des heures de recherches, de bons contacts, des adresses… et un peu de chance.

Comment as-tu organisé ta sélection ? 

C’est un long travail de fond, ça demande des heures de recherches, de bons contacts, des adresses… et un peu de chance. Ensuite, c’est une appréciation personnelle et une sensibilité au produit. Il n’y a pas que du bon dans les années 80 et il y a aussi de très bonnes pièces après les années 2000.

J’essaye d’être le plus juste possible pour coller à la demande et aux tendances du marché, certains produits ne sont pas encore assez mûrs (ou peut-être même trop) pour être sélectionnés aujourd’hui. Le vintage est un cycle sans fin, je ne cherche pas les mêmes produits aujourd’hui qu’il y a 10 ans.

Quelles sont tes pièces préférées ?

Elles sont certainement sur moi, mes pièces préférées… C’est difficile d’en choisir certaines, car je les ai toutes sélectionnées et chinées une à une justement car elles ont toutes « ce petit truc »… Si je devais vraiment choisir, je dirais les denim jackets (c’est une qualité de dingue avec des arts uniques), nos classiques pop over jackets, iconiques avec leurs prints, les tees de la fin des années 80, début des années 90. Les t-shirts des compétitions de surf emblématiques aussi, qui sont particulièrement douloureux à laisser partir… Je m’arrête là car je vais énumérer toute la collection.

Selon toi, la seconde main est-elle la solution pour une consommation plus responsable des vêtements ?

C’est une des solutions, de consommer mieux, plus responsablement et d’utiliser ou réutiliser au maximum chaque “objet” produit. Ce n’est pas l’unique solution, nous avons eu beaucoup d’initiatives écologiques depuis les débuts de Quiksilver et nous continuons à nous améliorer, de notre siège social européen éco-conçus aux campagnes de sensibilisations à la protection des océans, en passant par la fabrication de nos produits eux-mêmes.

Nous travaillons avec un principe d’écoresponsabilité depuis la phase de design du produit jusqu’à sa mise en vente. Aujourd’hui, 100% de nos maillots de bains masculins et féminins et de nos combinaisons sont fabriqués en matériaux recyclés, ainsi que 97% de nos produits snow avec plus 2,5 Millions de bouteilles plastiques transformés en produits.

Est-ce que ces pièces vintages vous inspirent pour vos futures collections ? 

Bien sûr ! Certains designers sont plus inspirés par ces produits que d’autres, pour ma part c’est ma principale source d’inspiration. Vous seriez parfois très surpris de ce que l’on ramène des shoppings d’inspiration. Ça peut être pour une matière, une couleur, un détail de poche… mais pas forcément pour le produit dans sa totalité. Le chemisier de mamie m’a déjà servi pour créer une veste mais ça, personne ne le sait.

Ressortir les pièces vintages, c’est une suite logique à ce projet mais qui fait souvent débat. Quand on le fait, il faut le faire intelligemment car on ne peut pas toujours rééditer à 100% un produit des années 80 comme on ne peut pas non plus trop les moderniser…  Soyez patient, on arrive.

Est-ce que ce type de drop sera amené à se reproduire ?

Oui, sous différents concepts et plateformes mais pour l’instant je ne peux rien dire, vous en saurez plus prochainement…

Le pop-up vintage Quiksilver sera ouvert au 1er étage du Citadium Caumartin du 7 au 27 juin. Vous pourrez également retrouver sur place les collections actuelles de Quiksilver Womens et Capsule.

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