Dans le rap moderne, tout va très vite. Après quelques singles et des featurings qui ont très vite circulé, LMB a signé son tout premier contrat. C’est le prestigieux label Def Jam à travers Blue Sky qui a raflé la mise et le jeune rappeur de Nanterre connaît très bien le poids de ce label. Bien entouré, il e semble pour le moment ne pas en subir la pression, mais connaît le nom des personnages qui l’ont précédé. LMB s’est forgé son oreille musicale en écoutant du Lil Durk et toute la scène de Chicago qu’il représente. La mélodie occupe une place centrale dans des morceaux où il préfère chanter que rapper son quotidien. À l’image de son ami Captaine Roshi, LMB se sert de sa musique pour transmettre des ondes positives en parlant de sujets qui n’ont pas toujours été réjouissants. Une façon différente de voir la vie qui incarne aujourd’hui la vision de la nouvelle génération de rappeur de l’hexagone. Rencontre avec LMB entre les Tours Nuages accompagné de son entourage proche.
Où est-ce que tu as grandi ?
J’ai grandi où on se trouve actuellement, à Nanterre dans le quartier Pablo Picasso. Je suis même né à l’hôpital de Nanterre donc on peut dire que j’ai fait toute ma vie ici avec le même groupe d’amis. C’est avec eux que j’ai décidé de mettre en place ma propre structure, Nara Records.
Pourquoi tu as créé ta propre structure si tôt ?
J’ai commencé la musique par passion, sans vraiment la prendre trop au sérieux. Lorsque le label Blue Sky (Gianni, Les Alchimistes, SID …) et Def Jam m’ont contactés, j’ai compris que ça commençait à devenir sérieux. Avec mon entourage, pour que ça soit aussi sérieux de notre côté et pour se protéger, on devait créer notre propre structure.
De quoi voulais-tu te protéger avec ton propre label ?
J’avais beaucoup d’appréhension par rapport à la relation avec les labels. J’ai entendu beaucoup d’histoires qui se sont mal terminées avec les labels donc je voulais tout cadrer avant de me lancer. Notre musique elle est bonne, donc si on se protège bien il n’y a aucune chance que ça ne fonctionne pas. L’objectif avec Nara Records c’est de développer toute une structure avec laquelle je pourrai produire d’autres rappeurs. Si ça fonctionne pour moi, tout mon entourage pourra s’appuyer sur la structure pour grandir. On veut créer un empire avec Nara Records.
J’ai toujours écouté une grande majorité de rap américains
– LMB
Comment tu as commencé le rap ?
Les premiers textes que j’ai écrits c’était grâce à des amis qui étaient déjà dans la musique. J’ai ensuite découvert toute la scène de Chicago et c’est ça qui m’a vraiment motivé à écrire. À Chicago à l’époque, certains d’entre eux perdaient leurs proches et ils arrivaient à en parler dans leur musique. Je me suis dit que je pourrais également partager des moments de mon quotidien à travers mes morceaux.
Quel est ton rapport avec le rap américain ?
J’ai toujours écouté une grande majorité de rap américains. Encore aujourd’hui, mon artiste préféré c’est Lil Durk avec Dis Ain’t What U Want, son premier morceau qu’il a sorti après sa signature. J’ai toujours vu passer du rap français à la télévision, mais je n’ai jamais été passionné parce qu’il se passe chez nous même si je sais qu’il y a de très bons artistes.
Et aujourd’hui qu’est-ce que tu écoutes ?
Étonnement en ce moment, j’ai un peu délaissé le rap américain au profit du rap nigérian. Rema, Burna Boy, Tiwa Savage sont les artistes que j’écoute le plus. Pendant mon enfance, j’ai vécu 2 ans au Cameroune parce que je commençais à faire n’importe quoi en France. La culture était complètement différente, j’écoutais des sonorités que je retrouve aujourd’hui dans le rap nigérien. Dans la nouvelle génération du rap américain, j’écoute Roddy Ricch et Trippie Redd en ce moment, mais aussi les Migos et Young Thug chez les anciens. Je recherche constamment la mélodie, c’est ce qui me plaît.
Dans le milieu où je vis, il y a beaucoup d’égaux, c’est un peu chacun pour soi
– LMB
Pourquoi c’est si important pour toi la mélodie ?
C’est simplement le registre dans lequel je suis le plus à l’aise. Honnêtement, je ne pourrai pas dire d’où ça vient. Dans mes morceaux je raconte ce que je vis dans mon quotidien et je préfère le raconter en chantant.
Dans un des morceaux, tu disais que la rue t’empêche d’avancer, c’est toujours le cas aujourd’hui ?
Dans le milieu où je vis, il y a beaucoup d’égaux, c’est un peu chacun pour soi. On a aussi vite tendance à tomber dans la facilité. Je n’avais pas envie rester dans cette facilité parce que ce n’est pas une vie. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont toujours donné une bonne éducation, mais c’est moi qui ai dérivé. Si tout le monde se donne la force ensemble on peut aller beaucoup plus vite et plus loin.
On sait que tu es très proche de Captaine Roshi, depuis quand vous vous connaissez ?
Je l’ai connu bien avant la musique, quand je suis avec lui ce n’est pas le rappeur que je vois. Il fait partie des personnes qui méritent vraiment de percer. Il charbonnait déjà énormément avec son crew Ultimate Boys et il m’a vraiment motivé à aller en studio.
Notre musique a évolué, ce n’est plus le rap où t’es posé et tu écoutes les paroles.
– LMB
Il nous a parlé de ta danse “le mozardo”, d’où est-ce que tu la sors ?
En réalité, je ne fais même pas exprès. J’invente des pas tous les jours en soirée entre potes où sur les tournages de clip. Pour moi c’est normal, j’aime ma musique est c’est évident que je vais lâcher quelques pas. Notre musique a évolué, ce n’est plus le rap où t’es posé et tu écoutes les paroles.
Tu es passé dans le Planète Rap de Koba La D, est-ce que tu as vu une différence en terme de notoriété après ton passage ?
Pour ne rien cacher, au départ j’ai beaucoup hésité à accepter. Ce n’était pas dans mon Planète Rap, c’était celui de Koba donc je ne savais pas si j’y avais vraiment ma place. Au final, ça a été une bonne première expérience en radio et je suis content de l’avoir fait. Le Planète Rap ça a plus fait parler des personnes qui me connaissaient déjà. En plus Koba a fait mes backs donc c’était cool.
Pour le moment on fait en sorte d’enchainer les patates
– LMB
Quel rappeur de Nanterre mériterait plus d’attention selon toi ?
Il y a mon ami M.o Bourbier, qui est pour moi l’un des meilleur rappeurs de Nanterre. Il y a aussi Bilton, OG ICE, Stanlee et Doria. Ce n’est pas ce qu’il manque des rappeurs à Nanterre.
Comment tu travailles aujourd’hui pour construire tes morceaux ?
Tout part de la prod en ce moment. J’écoute plusieurs prods, je commence à faire mon yahourt et après j’écris en fonction de ce que j’ai envie de raconter.
C’est quoi tes prochains projets ?
Je vais sortir un son fin décembre, histoire de mettre bien ma communauté et après ça va partir vraiment fort en janvier. Il y a deux bonnes petites surprises qui vont arriver dès janvier, mais je ne peux pas encore en parler. Je suis tout le temps en studio, mais il n’y a pas vraiment de projet en préparation. On cherche juste à faire des morceaux, créer une attente autour du projet à ce moment là on sait que ça sera le bon moment. Mais pour le moment on fait en sorte d’enchainer les patates.