À l’occasion de son passage à Paris pour la sortie de sa très attendue Air Jordan I, nous nous sommes entretenu avec la star du BMX Nigel Sylvester au Opium Sneaker Store pour parler, bien entendu de la sneaker elle-même mais aussi de son incroyable ascension et son nouveau statut sur la scène street.
Quand as-tu commencé le BMX ?
J’ai commencé le BMX vers 12 ans mais je faisais déjà du vélo depuis mon plus jeune âge. Le vélo en général a toujours fait parti de ma vie, ça a toujours été quelque chose qui m’attirait.
Qu’est-ce qui t’as poussé à en faire ?
Personnellement, c’était une transition naturelle. Je suis passé de la promenade en vélo dans le quartier à essayer de faire des tricks. Bien souvent, quelqu’un au quartier me montrait un trick et j’essayais de le reproduire. J’étais juste curieux. Je faisais des petits sauts ou j’essayais de faire des roues arrière. C’était pas grand-chose mais toutes ces petites choses étaient si satisfaisantes que je n’avais qu’une envie, c’était de continuer. Je voulais tenir plus longtemps mes roues arrières, je voulais sauter plus haut. Je suis tombé amoureux du BMX donc je continuais non-stop en essayant de m’améliorer.
La Air Jordan I est sortie en 1984, tu es née en 1987 : donc la paire est plus âgée que toi. Quelle impact la AJI a eu sur toi étant enfant ?
Enfant c’est Jordan lui-même qui a eu un impact pas seulement sur moi, mais sur pleins de gens autour de moi. C’était une icône. Ce qu’il faisait sur le terrain de basket était incroyable. Les marques avec qui il travaillait, la manière qu’elles avaient de le marketer, il poussait la barre toujours plus haut. Toutes les personnes que je connaissais l’admiraient. On voulait tous être des Jordans à notre façon. Je me suis senti vraiment bien quand j’ai commencé à biker avec des Jordans … c’était une paire qui me convenait bien notamment grâce à sa silhouette : propre et simple. Les résultats étaient directs, je me suis sentis bien avec quand je roulais. Les coloris étaient vraiment cool donc j’ai pas beaucoup réfléchi … ça me paraissait naturel.
Quel est le concept de ta Air Jordan I ?
D’un point de vue technique ça ne nécessitait pas vraiment d’amélioration parce qu’elle était déjà parfaite. Je voulais vraiment raconter une histoire avec ce modèle, mon histoire personnelle avec la paire et comment je l’utilise pour biker. Je n’ai pas de freins sur mon BMX donc pour freiner j’utilise mes pieds d’où les marques d’éraflures. La plupart du temps mes Jordans finissent dans un sale état. On a utilisé du 3M parce que c’est quelque chose d’essentiel pour tout cycliste : surtout quand on roule la nuit. Ensuite on a ajouté des mini-Swoosh parce que j’aime bien ça et puis on a griffé l’intérieur de la paire avec Jordan Biking Co. Il y a beaucoup d’éléments sur cette paire et ils servent tous à raconter comment j’ai utilisé la paire depuis des années.
Comment le contact avec Jordan a eu lieu ?
Je faisais partie du programme 6.0 de Nike avec qui j’ai signé depuis très longtemps maintenant et on a fait pas mal de projets. Pouvoir mettre mon empreinte sur la Jordan I ça a toujours été un rêve pour moi donc l’idée était là. On a commencé à travailler dessus il y a 2 ans et ça a finalement vu le jour. J’ai reçu le premier sample cet été … J’en croyais pas mes yeux. Ils m’ont dit écoute elles sont en productions donc je me suis dit okay cool c’est bien réel. À partir du moment où j’ai posté une photo sur Instagram de la paire et que j’ai vu l’engouement que ça provoquait j’ai compris que c’était quelque chose de spécial. Je ne me doutais pas que ça allait faire autant de bruit. Je veux dire regarde, je suis à Paris pour la sortie de la paire et les gens font la queue pour mettre la main dessus. Cette chaussure est spéciale pour moi et je suis vraiment reconnaissant pour cette opportunité. J’espère que je vais pouvoir imaginer plus de Jordans dans le futur et que je pourrais continuer de raconter mon histoire et de partager mon expérience avec le monde.
Est-ce que tu aimerais faire plus que juste des chaussures avec Jordan ? Une ligne de vêtement par exemple ?
Oui carrément. J’ai déjà une marque qui s’appelle GO, c’est une marque de lifestyle centré sur le voyage, vous pouvez voir des vidéos sur ma chaîne YouTube. Bâtir la marque GO est une de mes priorités à l’heure actuelle. On va continuer de faire des vidéos et de sortir du merch. GO c’est l’expression de ce que je ressens comme pouvant être une marque intéressante dans le paysage du streetwear actuel. Avoir un label de voyage c’est important de nos jours, il y a tellement de gens qui se lancent chaque jour dans des aventures et GO est une marque qui se veut supportrice de toutes formes de voyage. Donc restez branché si vous ne voulez rien rater.
Ce n’est un secret pour personne, tu voyages beaucoup. Donc parmi tous ces lieux que tu as visités jusqu’ici, lequel est ton spot préféré pour biker ?
Pour être franc j’adore Paris, elle est définitivement dans mon top 5 avec Tokyo, LA et Mexico qui a pas mal de bons spots pour le BMX.
Quelle est la réaction des gens lorsqu’ils te rencontrent dans la rue ?
Ils s’approchent souvent pendant que je roule et ils sont adorables. La plupart des gens respectent la pratique donc quand je fais mes trucs ils me laissent faire puis après seulement viennent me saluer ou autres, puis il me laisse retourner faire mes tricks. J’aime les gens, j’aime faire des rencontres : c’est pour ça que je suis là je veux rencontrer des gens du monde entier.
En parlant de rencontre, l’une des meilleures formes de communication et de partage est la musique, qu’est ce que tu écoutes en ce moment?
L’album de Pusha T était ouf. L’album de Travis Scott aussi. J. Cole a mis le feu. J’écoute aussi Gunna, Lil Baby. L’album de Kanye était dingue aussi. La chanson de Jay Z et Beyoncé où ils ont privatisé le Louvre était folle. J’écoute beaucoup de choses, mais c’est drôle quand je suis à Paris je me dois d’écouter N*ggas in Paris, la chanson prend tout sons sens dans des moments comme celui-ci.
Tu es une sorte de légende vivante, car réussir à détourner Jordan comme tu le fais relève de l’exploit : Jordan a récemment produit pour toi un BMX en exemplaire unique, est ce que tu peux nous en dire plus ?
Oui on a fait un BMX Jordan Biking Co. Si tout va bien on devrait le commercialiser d’ici la fin de l’année donc ça va être cool. C’est le tout premier vélo Jordan. Je suis content d’être au coeur de tout ça, de pouvoir partager mes idées et tout.
En dehors du BMX qu’est ce que tu aimes faire ?
J’aime juste passer du bon temps avec mes amis et ma famille. Je suis toujours occupé à droite à gauche donc quand je rentre chez moi je veux juste profiter de ma famille.
Qu’est ce que ta famille pense de ta carrière justement ?
Ma famille adore. Ils sont très fiers du chemin que j’ai parcouru depuis le Queens. Aujourd’hui, je suis assis de l’autre côté de l’océan. Ils sont fiers et je veux continuer de les rendre fier donc je vais continuer de me battre, de bosser dure. On casse le moule en montrant à tout le monde que c’est possible. On montre que des marques comme Nike et Jordan approuvent la culture du BMX, c’est quelque chose de peu conventionnel comparer aux sports classiques. Je suis vraiment fier d’eux (Nike et Jordan), fier qu’ils prennent des opportunités pareilles et je suis content que ça se passe bien. On montre au monde entier que c’est okay d’essayer des choses nouvelles, que c’est okay d’être différent. C’est okay de tenter sa chance.
Images : Nike + shezimanezi