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Pa Salieu : “Je reste concentré sur ce qui va suivre”

Le parcours sinueux de Pa Salieu force l’admiration. Le rappeur est né en Angleterre avant d’être exilé en Gambie aux côtés de sa grand-mère et aux plus proches de ses racines familiales. Sur place, le jeune rappeur découvre la musique et se forge son tempérament qui lui donne cette maturité inhabituelle à son âge. Au décès de cette figure maternelle en 2016, Pa Salieu tombe en dépression et se met à écrire de la poésie pour couvrir son chagrin. Depuis, il ne cessera jamais d’écrire pour faire sortir cette rage qui l’habite. À 23 ans, Pa Salieu a également déjà frôlé la mort. Pris au coeur d’une fusillade dans sa ville de Coventry, King Salieu survivra, mais pas l’un de ses meilleurs amis.

Ces deux évènements tragiques serviront à forger son caractère qui se ressent aujourd’hui dans ses chansons. Son hit “Frontline” lui a permis de mettre Coventry sur la carte du rap européen et de commencer à faire parler de lui à l’étranger. La semaine dernière, il sortait sa première mixtape “Send The To Coventry“, un projet brut qui cimente ses bases de kickeur et qui l’ouvre également vers d’autres horizons. Covid oblige, cette interview a été réalisée par mail, mais nous espérons bien un jour capturer en images ce talent brut d’outre-Manche.

Comment se passe le confinement à Coventry ?

J’étais à Londres pendant une grande partie du confinement, c’est une période très étrange, mais j’ai essayé de garder la tête froide et de continuer à travailler. Je pense que j’ai eu de la chance d’avoir pu enregistrer ma mixtape pendant cette période.

En France, nous ne connaissons pas bien cette ville, qu’est ce qu’il y a de différent à Coventry ?

Coventry est comme n’importe quelle autre ville. Beaucoup de gens la considèrent comme un petit village de campagne, mais c’est un lieu multiculturel, qui connaît les mêmes hauts et les mêmes bas que n’importe quelle grande ville.

Tu as vécu en Afrique de l’Ouest pendant ta jeunesse, quels souvenirs gardes-tu de cette période ?

J’ai habité pendant quelques années chez ma grand-mère en Gambie. Ces années ont été importantes pour moi car elles m’ont permis de savoir d’où je venais vraiment. Elles m’ont servi à apprendre les véritables valeurs de ma famille.

À seulement 23 ans, tu as déjà frôlé la mort durant une fusillade, comment t’es-tu remis de cette tragédie ?

Il suffit simplement de transformer les négatifs en positifs et d’avancer après.

Quand t’es tu vraiment mis à la musique ?

J’ai commencé à aller au studio il y a 2 ou 3 ans. Un bon ami m’accompagnait là-bas, et dès ma première fois, je savais qu’il m’en fallait plus. Depuis, je n’ai jamais arrêté d’aller en studio.

Avec quel artiste/musique as-tu grandi ?

Je n’ai jamais vraiment suivi une scène en particulier. J’ai évidemment été exposé à la musique gambienne quand j’étais là-bas, mais je pense avoir suvi les mêmes courants que quelqu’un de mon âge qui a grandi au Royaume-Uni. Vybz Kartel a joué un rôle important par exemple, je suis un grand fan.

Tu es souvent comparé à J.Hus, comment comprends-tu cette comparaison et qu’est-ce qu’elle t’apporte ?

J’espère que les gens sont capables de voir que je suis quelqu’un d’unique maintenant. J.Hus est aussi gambien et il fait de la bonne musique, donc c’est forcement un exemple pour moi aussi.

Tu as sorti un featuring avec Gazo, comment s’est fait le lien ?

Gazo m’a été présenté par le producteur Kwes Darko. On s’est retrouvé en studio encore une fois d’ailleurs il y a pas très longtemps. Je pense qu’on va ressortir des choses prochainement.

Tu as travaillé avec FKA Twigs, Goldlink, Mahalia, avec qui d’autre aimerais-tu travailler ?

Goldlink, je l’ai seulement suivi en tournée, les deux autres sont des artistes incroyables avec lesquels j’ai travaillé. Il y a un rappeur avec qui j’aimerais beaucoup travailler aux États-Unis qui s’appelle YN Jay, ça pourrait être un bon lien.

Tu as sorti ta première mixtape, dans quel contexte s’est-elle construite avec la pandémie ?

Le fait de ne pouvoir aller nulle part a été utile pour rester concentré. J’espère pouvoir sortir et jouer quelques concerts bientôt, c’est important pour moi.

À qui s’adresse le titre de ta mixtape “Send them to Coventry” ?

Send Them To Coventry” est une vieille citation anglaise qui signifie rayer quelqu’un de sa vie. En même temps pour moi, cela signifie venir à Cov’ et voir à quoi ressemble la vraie vie.

Qu’est-ce que tu comptes faire après la sortie de ta mixtape ?

J’ai du travail à faire, je reste concentré sur ce qui va suivre. Ce n’est que le début.