le collectif WAVE® se compose d’artistes et de passionés. Le média du collectif analyse ce qui défini la culture actuelle en couvrant des thématiques telles que le sport, la musique, l’art, la mode et les sneakers. Plus qu’un média/agence, le collectif WAVE® propose une expérience unique à destination de la nouvelle génération.

copyright WAVE® 2022

Rencontre avec Yuthanan, créateur de Sillage et entrepreneur français installé à Tokyo

Un changement de vie se fait parfois par la contrainte, d’autres fois par un besoin, une envie que rien ne peut stopper. Installé à Tokyo, Yuthanan fait partie de ceux qui ont eu l’aplomb de le faire à deux reprises. Après 2 ans à Tokyo et 1 an à la tête de son propre label, Sillage, on fait le point avec Nicolas alias Yuthanan sur son parcours et sur les exigences pas comme les autres de l’aventure entrepreneuriale au japon.

Est-ce que tu peux me raconter comment tu as créé ta propre marque ?

L’idée a commencé à germer dans ma tête pendant mon premier job ici à Tokyo. Je voulais créer ma marque, mais pas tout de suite, peut-être dans 10 ans. J’ai rencontré un japonais qui m’a poussé à franchir le pas et qui m’a proposé de lancer mon premier pantalon. Je n’avais même pas de nom de marque ni même de structure à ce moment-là. Ce pantalon, c’était un Hakama, un pantalon de sport japonais utilisé pour faire du karaté ou du kendo. J’aimais sa coupe ample et surtout son concept de disponibilité en une seule taille. L’ensemble des pièces que je propose sont d’ailleurs disponibles en une seule et unique taille.

Qu’est-ce qui t’a plu dans ce concept de taille unique ?

Avec ma marque, je veux promouvoir la coupe oversize. Si je laisse la possibilité de choisir la taille, ça ne sera plus forcement oversize. Je veux que quelqu’un de petit et fin s’habille de cette manière avec Sillage. L’intérêt des Hakama c’est qu’ils disposent d’une ceinture intégrée qui permet à n’importe qui de pouvoir les porter. Certains vont devoir le serrer plus que d’autres ce qui créera des plis uniques pour chaque morphologie.

Tu n’as pas eu peur au moment de lancer ton premier prototype ?

Pas vraiment parce que je suis vraiment parti de zéro. Je n’ai pas investi d’argent donc si ça n’avait pas pris je n’aurais simplement pas continué. C’était un challenge positif et j’avais tellement travaillé en amont sur mon Instagram que ça ne pouvait pas se planter. Les gens qui me suivaient m’ont soutenu dès le début et ça m’a beaucoup aidé.

Parce que tu avais déjà une petite communauté avant de lancer ton premier produit ?

Oui je devais tourner autour des 10000 abonnés. Je postais simplement ce qui me plaisait et surtout les Nike que je collectionnais. Je suis un grand amateur des HTM, il y en a certaines que je porte encore. Ma préférée, reste quand même la HTM2  RunBootz avec ce Swoosh peint à la bombe.

Tu fais aussi des customs de Air Force, comment tu expliques que ça fonctionne aussi bien ici au Japon ?

Chaque Air Force 1 est un projet avec un artiste local. La dernière en date, la Air Force 1 avec une frange sur les lacets a été faite en collaboration avec une artiste japonaise. Les japonais recherchent toujours l’exclusivité. lls aiment la différence et avec mon oeil de français je leur apporte cette différence qu’ils recherchent.

Est-ce que l’Europe fait d’ailleurs encore rêver ici au Japon ?

Oui jusqu’à ce qu’ils viennent pour de vrai à Paris.

Qu’est-ce qui change sur le plan entrepreneurial au Japon par rapport à la France ?

En tant qu’étranger, c’est impossible d’y arriver tout seul. Il faut forcément s’associer avec quelqu’un de local. Le système est vraiment différent ici. Je n’en serais pas là aujourd’hui si je n’avais pas un japonais comme associé. Il y a toujours des barrières qui s’érigent, mais avec un coup de pied dedans on les surmonte facilement.

Tu n’as pas eu de problème avec des marques locales en arrivant avec ta propre interprétation de ce vêtement traditionnel ?

Le Hakama est assez similaire au Balloon pants qui est une pièce assez commune au Japon. Ces pantalons aux inspirations militaires ont été repris par plus d’une marque. Une marque en particulier pensait que cette coupe de pantalon lui appartenait donc forcément ça a créé un peu de jalousie.

Quel est ton objectif avec Sillage d’ici 5 à 10 ans ?

Je pense sincèrement que dans 10 ans Sillage n’existera plus. Je suis content de faire quelque chose de cool maintenant avec les idées que j’ai. Je suis complètement indépendant et je ne m’impose aucunes limites.

Qu’est-ce que tu donnerais comme conseil aux Français qui voudraient s’installer au Japon ?

Je recommande à tout le monde de tenter sa chance. Je suis arrivé à Tokyo avec 1000€ sur mon compte en banque et 1000€ c’était le prix de mon loyer. J’ai dû rapidement trouver un job et ici on ne te fera pas forcement de cadeaux comme en France. Il faut surtout aimer le Japon et s’intéresser à sa culture. C’est tellement différent de la France.

Retrouvez l’ensemble du travaille de Yuthanan sur Instagram et sa marque Sillage sur son site internet.

yuthanan interview