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Ornement : “Tout existe déjà, mais l’industrie doit produire du nouveau”

L’industrie textile est la deuxième industrie la plus polluante derrière celle du pétrole. C’est un fait qui ne pourra être atténué que grâce à une prise de conscience globale du marché. En tant que média, nous participons aussi à créer ce besoin de neuf constant, mais nous pouvons aussi vous donner les clefs pour mieux consommer. Après avoir rencontré le designer de sneaker écoresponsable Monsieurgermain, nous poursuivons notre route à la rencontre du duo Ornement.

Originaires de Paris, Baptiste et Hugo se sont donné comme mission de proposer une seconde vie aux différents types de matériaux qu’ils ont à leur disposition. Des pièces de workwear, au t-shirt en passant par les voiles avec leur nouveau projet, rencontre avec ces deux passionnés de l’upcycling.

Comment ça a commencé Ornement ?

Baptiste : L’idée c’était de construire une marque autour de l’upcycling en ne faisant que des petites séries. Depuis quelques mois, on a décidé de transformer cette marque en une agence globale pour mettre notre expertise à disposition des autres. Le textile reste au coeur de notre ADN, mais aujourd’hui avec notre exposition, on met en avant de la photo, de la vidéo et d’autres choses.

Est-ce que vous pouvez nous raconter votre parcours ?

Baptiste : On est des amis d’enfance, on est tous les deux nés à Paris. Pour ma part, j’ai travaillé dans la sneaker quand j’étais jeune en tant que vendeur puis acheteur. Ensuite, j’ai bossé chez Colette pendant 5 ans et après j’ai fait une année d’école de mode.

Hugo : Personnellement, je travaillais dans la musique à la base en tant que directeur artistique pour quelques labels.

L’upcycling est arrivé dès le départ ?

Baptiste : On a commencé à récupérer des stocks chez des personnes qui se débarrassaient de tissus pour faire du home design. On faisait des plaids, des coussins, etc. Au fil du temps, on s’est réorienté vers le vêtement.

Hugo : Il y avait déjà l’idée de moins consommer qui s’est croisée avec un hobbie de Baptiste qui s’amusait à donner une seconde vie aux vêtements avec le custom.

Baptiste : On a commencé par faire beaucoup de vêtements de travail, car une partie de ma famille est agriculteur dans l’est de la France. On avait donc de la matière première facilement à portée de main. Le bleu de travail a vraiment été notre point de départ.

Cette pièce est pour beaucoup le premier lien avec le vintage, comment vous expliquez ça ?

Baptiste : Les bases du vintage reposent sur les vêtements de travail et les vêtements de l’armée. C’est ce qui existe le plus en termes de stock et c’est surtout les pièces les plus intemporelles du marché. Tout le monde s’en inspire. On voit énormément de références au vintage dans le travail des designers qui arrivent à le retravailler avec leur propre créativité.

Hugo : Tout existe déjà, mais l’industrie doit produire du nouveau. Notre objectif c’est de faire du nouveau avec de l’ancien et on est persuadé que ça touche du monde.

Comment consommer du vêtement de manière plus responsable en 2020 ?

Baptiste : Je pense que d’avoir la démarche d’aller dans une friperie c’est un très bon premier pas. Le monde du vintage reste hyper large, une pièce vintage datant de moins de 10 ans aura quand même était fabriqué en Chine. Par exemple, la majorité des sweats Fila que l’on trouve aujourd’hui en friperies sont de très mauvaises qualités.

Hugo : Le vintage est vraiment en train de se démocratiser aujourd’hui. Tout le monde est sensibilisé à ça dès le plus jeune âge.

Mais comment convaincre d’acheter un bon t-shirt à 40€ plutôt que 4 t-shirts à 10€ chez H&M ?

Baptiste : Il faut faire regarder des documentaires sur les coulisses de ce milieu. Il y en a un qui m’a vraiment fait prendre conscience du problème c’est The True Cost. Il est met en lumière la production de vêtement en Inde et c’est assez terrifiant. Il y a des personnalités comme Virgil Abloh qui déclarent clairement qu’on produit trop de vêtements et qu’il y a déjà tout dans le vintage aussi. Ce genre de personnalités qui s’engagent sont importantes.

Vous présentez The Sail aujourd’hui, une collection réalisée entièrement à partir de voiles, d’où vient l’idée de base ?

Baptiste : Mon oncle à tendance à accumuler énormément de choses dans son grenier. Je suis passé devant ces voiles, j’ai touché cette matière que je ne connaissais pas et j’en ai ramené une pour la montre à Hugo. On s’est dit qu’on devait faire des vêtements avec ça, car c’était la meilleure source d’inspiration qu’on pouvait avoir.

On retrouve beaucoup de références aux vestes utilitaires dans ces pièces, pourquoi ce parti pris ?

Baptiste : Pour nous, ça constitue la base du vêtement. On pense qu’aujourd’hui c’est essentiel d’avoir un vêtement utile. On a tous des téléphones, des paquets de clopes, des portefeuilles et des milliards de choses dans les poches. On aime aussi adapter son vêtement en fonction de la situation. L’enlever, le remettre facilement ou l’ouvrir à moitié … C’est ce dont on a vraiment besoin.

Quels sont vos prochains projets ?

Hugo : On va continuer de réaliser des projets avec différentes marques et on essaye de réfléchir à comment aller toujours plus loin dans ce qu’on propose.

Baptiste : On veut continuer de se faire plaisir avec nos projets personnels comme The Sail, car on a un grand besoin de liberté et d’expression.